Coordination
Marilène Vuille, Séverine Rey, Catherine Füssinger, Geneviève Cresson
Dans les années 70, plusieurs des revendications des mouvements féministes touchaient à la santé. Le slogan «Mon corps m'appartient» impliquait pour les femmes de pouvoir disposer librement de leur corps, en particulier d'avoir accès à des moyens de contraception fiables et à l'avortement. Cette revendication partagée au sein des pays occidentaux n'a toutefois pas abouti partout à des pratiques féministes alternatives dans le domaine de la santé. Aux Etats-Unis, un «mouvement pour la santé des femmes» a émergé et a rencontré un grand succès; il a servi de modèle au Québec, en Allemagne ou encore en Suisse, sans toutefois exercer la même influence en France.
L'ensemble des activités féministes relatives à la santé se sont dans un premier temps focalisées sur la santé sexuelle et reproductive; il a fallu attendre les années 90 pour que d'autres questions de santé (cancers, maladies cardiovasculaires), touchant les hommes et les femmes, soient prises en considération de façon plus systématique. Dans le même temps, une critique des biais androcentriques dans la recherche biomédicale s'est élaborée, remplaçant en partie celle de la médicalisation des femmes qui était prédominante au cours des décennies précédentes.
Cette évolution des préoccupations féministes, ainsi que des éléments permettant d'en reconstituer la chronologie, sont présents en filigrane dans ce numéro et constituent le contexte auquel les articles se réfèrent. A parcourir le sommaire du dossier thématique, il est loisible de croire qu'il n'y est question que de la santé - ou de la non-santé - des femmes (cancer du sein, troubles et traitements de la ménopause, santé mentale des femmes, pratiques gynécologiques alternatives, etc.). Or le propos du numéro est bien plus large, car il s'agit de mettre en évidence que les rapports sociaux de sexe croisent la santé à plusieurs titres: la définition même de la maladie et l'élaboration des traitements sont tributaires de connaissances et d'un pouvoir inégalement distribués, le travail de soins ne reposent pas de la même manière sur les hommes et sur les femmes, le champ de la santé crée et reproduit des stéréotypes de sexe, la domination masculine (dont les violences sont l'expression la plus crue) affecte l'état de santé des individu·e·s.
Outre les contributions du dossier, un article traite de la répartition du travail émotionnel au sein du couple tel qu'il est préconisé par les manuels de savoir-vivre. Deux présentations d'associations oeuvrant dans le domaine de la santé des femmes, ainsi que des comptes-rendus d'ouvrages sur la santé et sur d'autres thèmes complètent ce numéro.
Sommaire
Edito
Marilène Vuille, Séverine Rey, Catherine Fussinger et Geneviève Cresson
La santé est politique
Grand Angle
Monique MembradoChamp libre
Irène Jonas
L'antiféminisme des nouveaux «traités de savoir-vivre à l'usage des femmes»
Parcours
Catherine Fussinger, Séverine Rey et Marilène Vuille
S'approprier son corps et sa santé. Entretien avec Rina Nissim
Comptes-rendus
Magdalena Rosende
Laurent Vogel (Dir.) : La santé des femmes au travail en Europe. Des inégalités non reconnues
Céline Perrin
Isabelle Mimeault : Pour le dire. Rendre les services sociaux et les services de santé accessibles aux lesbiennes
Eleni Varikas
Elsa Dorlin : Au chevet de la nation : sexe, race et médecine (XVIIe-XVIIIe s.)
Martine Chaponnière
Irène Kaufer : Françoise Collin. Parcours féministe
Yvonne Guichard-Claudic
Colloque : L'inversion du genre ou les logiques complexes de l'avancée en mixité
Fabienne Malbois
Revue Réseaux : Une communication sexuée ?
Collectif
Résumés/Abstracts
Monique Membrado
Les femmes dans le champ de la santé : de l'oubli à la particularisation
L'objectif de cet article est de montrer que la réduction de la santé des femmes à leurs capacités procréatrices structure les représentations médicales à leur égard mais aussi leurs expériences de santé et qu'elle constitue une véritable impasse pour la construction d'un cadre d'intelligibilité qui prenne en compte l'ensemble de leurs expériences. Je l'illustre à travers les catégories médicales et sociales de l'alcoolisme féminin et le rapport des femmes au cancer du sein. Enfin, je propose des pistes autour de l'intérêt porté aux trajectoires des femmes de manière à rendre visibles dans le champ de la santé les effets structurels de leur place dans la division sexuée du travail et des activités sociales.
Women in the health field : From neglect to particularisation
The purpose of this article is firstly to demonstrate how women's health issues have been reduced to their procreative abilities. This determines medical constructions of women and women's health-related experiences, and constitutes a true obstacle in building an intellectual framework able to take into account the whole of their life experiences. In a second step, I illustrate these obstacles using the medical and social categories surrounding female alcoholism and women's relationship to breast cancer. Lastly, I suggest various possibilities for the study of women's itineraries that aim to make more visible the structural effects in the health field of women's positions in the sexual division of labor and social activities.
Marie Ménoret
Prévention du cancer du sein : cachez ce politique que je ne saurais voir
Cet article traite de la prévention du cancer du sein dans une perspective sociologique. L'auteure analyse le dogme de la détection précoce qui organise cette prévention depuis le début du 20ème siècle. Elle montre comment les techniques de dépistage ont inscrit le cancer du sein dans un registre de risque individuel et non dans une perspective collective, sociale et politique.
Prevention of breast cancer: Invisible politics
This article proposes a sociological analysis of the prevention of breast cancer. The author analyses the dogma of early detection that has structured breast cancer prevention since the beginning of the 20th century. She shows how the techniques of prevention have confined breast cancer within a register of individual risk, masking its collective, social and political characteristics.
Ilana Löwy et Jean-Paul Gaudillière
Médicalisation de la ménopause, mouvements pour la santé des femmes et controverses sur les thérapies hormonales
Le traitement hormonal de la ménopause, présenté entre 1970 et 2000 par la majorité des experts comme capable d'accroître le bien être des femmes mais aussi de prévenir des nombreux pathologies liés au vieillissement féminin, a été déclaré en 2002 inutile et dangereux suivant un essai clinique nord américain, Women's Health Initiative(WHI) . En voie de conséquence, les prescriptions de ce traitement ont chute dramatiquement entre 2002 et 2005. Cet article retrace les origines féministes de WHI , puis suit les conséquences de la publication de ses résultats aux Etats-Unis, la France et l'Allemagne. En conclusion, il revient sur les tensions entre les rôles des femmes comme utilisatrices des hormones, comme expertes et comme militantes des mouvements pour la santé des femmes.
The medicalisation of menopause, movements for women's health and controversies over hormonal therapies
In the last decades of the 20th century, the great majority of experts presented hormonal treatment of menopause as a non-mixed blessing, capable of significantly increasing the well being of aging women, while also preventing numerous age-related pathologies. However, the large scale randomised clinical trial, the Women's Health Initiative, has revealed that risks related to this treatment largely outweigh its benefits, and has led to rapid decrease in the prescription of hormones. This text follows the feminist origins of WHI and the consequences of the publication of its results in France, Germany and the US. It interrogates the tensions between women's different roles as consumers of hormones, as experts and as activists of the Women's Health Movement.
Marie-Laurence Poirel, avec la collaboration de Berthe Lacharité, Ginette Rousseau et al.
Voix alternatives et féministes dans le champ de la santé mentale au Québec : Un survol des expériences croisées des Ressources alternatives en santé mentale et des Centres de femmes
Au Québec, dans le champ de la santé mentale, l'émergence et la consolidation de discours critiques et de pratiques alternatives aux approches d'intervention dominantes, de plus en plus biomédicales, se sont pour l'essentiel effectuées à l'extérieur du système public de santé et de services sociaux. Ce que l'on appelle ici le Mouvement d'action communautaire autonome a représenté un terreau très fertile pour le déploiement de ces voix et voies alternatives en santé mentale. Cet article s'intéresse plus particulièrement à la contribution de deux catégories d'organismes du Mouvement : les Ressources alternatives en santé mentale et les Centres de femmes, dont l'insertion dans le champ de la santé mentale se situe plus en amont. Par leurs efforts convergents mais aussi par leurs apports différents, ces organismes, qu'ils se disent féministes ou alternatifs, ont significativement contribué au développement d'approches d'intervention sensibles à la complexité de la souffrance psychique dans ses diverses expressions et à l'inscription sociale et sexuée de celle-ci. Représentant des espaces d'appartenance, de parole et d'action, et, souvent, un important levier de transformation personnelle pour les personnes qui les fréquentent, les Ressources alternatives en santé mentale et les Centres de femmes partagent plus largement une culture de transformation sociale.
Alternative and feminist voices in the field of mental health in Quebec: A survey of the junction of experiences between the Alternative Resources in Mental Health and Women's Centres
In Quebec in the field of mental health, the growing impact of critical thought about and alternative practices to dominant medical paradigms - increasingly of the biomedical ilk - have for the most part taken place outside of the public health system. What we call here the Mouvement d'action communautaire autonome has proved to be a very fertile breeding ground for the airing of these alternative voices and procedures in the area of mental health. This article pays particular attention to the contributions, both convergent and complementary, of two types of organisms linked to the Mouvement: the Alternatives Resources in Mental Health and Women's Centres.
Irène Jonas
L'antiféminisme des nouveaux « traités de savoir-vivre a l'usage des femmes »
La fragilisation des liens conjugaux est un sujet dont se sont emparés psychologues et spécialistes en communication ou développement personnel. Alors qu'il est devenu courant de considérer que nulle norme ne vient aujourd'hui interférer dans la construction du couple et ses règles de vie, ces " experts " prétendent viser à l'amélioration des relations entre les sexes. Je fais ici l'hypothèse que c'est du bien-être masculin que dépend le statut social de bonne santé du couple et que derrière la volonté de pacification du couple se dessine un nouveau travail invisible, psychologique et comportemental, de la femme. Pour mener à bien ce projet, j'utiliserai la littérature de développement personnel destinée aux couples, qui, bien que souvent d'origine anglo-saxonne, n'en n'a pas moins un impact de plus en plus important en France.
Backlash in self help books for women
The weakening of marital ties has become a topic of great interest for psychologists and specialists in personal development and communication. While it is commonplace today to consider that no norm whatsoever should interfere in couple formation and the ways of life they express, these "experts" claim they can contribute to better relations between the sexes. I argue here that this literature makes the social perception of the healthy couple dependant on the man's well-being, and that a new invisible conditioning of woman, psychological and behavioral, is being articulated through and behind the aim of creating the new harmonious couple. This research is based on the analysis of books on personal development for couples that, although of Anglo-American origin, have an increasing impact in France.
Coordination
Marilène Vuille, Séverine Rey, Catherine Füssinger, Geneviève Cresson
Sommaire
Edito
Marilène Vuille, Séverine Rey, Catherine Fussinger et Geneviève Cresson
La santé est politique
Grand Angle
Monique MembradoChamp libre
Irène Jonas
L'antiféminisme des nouveaux «traités de savoir-vivre à l'usage des femmes»
Parcours
Catherine Fussinger, Séverine Rey et Marilène Vuille
S'approprier son corps et sa santé. Entretien avec Rina Nissim
Comptes-rendus
Magdalena Rosende
Laurent Vogel (Dir.) : La santé des femmes au travail en Europe. Des inégalités non reconnues
Céline Perrin
Isabelle Mimeault : Pour le dire. Rendre les services sociaux et les services de santé accessibles aux lesbiennes
Eleni Varikas
Elsa Dorlin : Au chevet de la nation : sexe, race et médecine (XVIIe-XVIIIe s.)
Martine Chaponnière
Irène Kaufer : Françoise Collin. Parcours féministe
Yvonne Guichard-Claudic
Colloque : L'inversion du genre ou les logiques complexes de l'avancée en mixité
Fabienne Malbois
Revue Réseaux : Une communication sexuée ?
Collectif
Résumés/Abstracts
Monique Membrado
Les femmes dans le champ de la santé : de l'oubli à la particularisation
L'objectif de cet article est de montrer que la réduction de la santé des femmes à leurs capacités procréatrices structure les représentations médicales à leur égard mais aussi leurs expériences de santé et qu'elle constitue une véritable impasse pour la construction d'un cadre d'intelligibilité qui prenne en compte l'ensemble de leurs expériences. Je l'illustre à travers les catégories médicales et sociales de l'alcoolisme féminin et le rapport des femmes au cancer du sein. Enfin, je propose des pistes autour de l'intérêt porté aux trajectoires des femmes de manière à rendre visibles dans le champ de la santé les effets structurels de leur place dans la division sexuée du travail et des activités sociales.
Women in the health field : From neglect to particularisation
The purpose of this article is firstly to demonstrate how women's health issues have been reduced to their procreative abilities. This determines medical constructions of women and women's health-related experiences, and constitutes a true obstacle in building an intellectual framework able to take into account the whole of their life experiences. In a second step, I illustrate these obstacles using the medical and social categories surrounding female alcoholism and women's relationship to breast cancer. Lastly, I suggest various possibilities for the study of women's itineraries that aim to make more visible the structural effects in the health field of women's positions in the sexual division of labor and social activities.
Marie Ménoret
Prévention du cancer du sein : cachez ce politique que je ne saurais voir
Cet article traite de la prévention du cancer du sein dans une perspective sociologique. L'auteure analyse le dogme de la détection précoce qui organise cette prévention depuis le début du 20ème siècle. Elle montre comment les techniques de dépistage ont inscrit le cancer du sein dans un registre de risque individuel et non dans une perspective collective, sociale et politique.
Prevention of breast cancer: Invisible politics
This article proposes a sociological analysis of the prevention of breast cancer. The author analyses the dogma of early detection that has structured breast cancer prevention since the beginning of the 20th century. She shows how the techniques of prevention have confined breast cancer within a register of individual risk, masking its collective, social and political characteristics.
Ilana Löwy et Jean-Paul Gaudillière
Médicalisation de la ménopause, mouvements pour la santé des femmes et controverses sur les thérapies hormonales
Le traitement hormonal de la ménopause, présenté entre 1970 et 2000 par la majorité des experts comme capable d'accroître le bien être des femmes mais aussi de prévenir des nombreux pathologies liés au vieillissement féminin, a été déclaré en 2002 inutile et dangereux suivant un essai clinique nord américain, Women's Health Initiative(WHI) . En voie de conséquence, les prescriptions de ce traitement ont chute dramatiquement entre 2002 et 2005. Cet article retrace les origines féministes de WHI , puis suit les conséquences de la publication de ses résultats aux Etats-Unis, la France et l'Allemagne. En conclusion, il revient sur les tensions entre les rôles des femmes comme utilisatrices des hormones, comme expertes et comme militantes des mouvements pour la santé des femmes.
The medicalisation of menopause, movements for women's health and controversies over hormonal therapies
In the last decades of the 20th century, the great majority of experts presented hormonal treatment of menopause as a non-mixed blessing, capable of significantly increasing the well being of aging women, while also preventing numerous age-related pathologies. However, the large scale randomised clinical trial, the Women's Health Initiative, has revealed that risks related to this treatment largely outweigh its benefits, and has led to rapid decrease in the prescription of hormones. This text follows the feminist origins of WHI and the consequences of the publication of its results in France, Germany and the US. It interrogates the tensions between women's different roles as consumers of hormones, as experts and as activists of the Women's Health Movement.
Marie-Laurence Poirel, avec la collaboration de Berthe Lacharité, Ginette Rousseau et al.
Voix alternatives et féministes dans le champ de la santé mentale au Québec : Un survol des expériences croisées des Ressources alternatives en santé mentale et des Centres de femmes
Au Québec, dans le champ de la santé mentale, l'émergence et la consolidation de discours critiques et de pratiques alternatives aux approches d'intervention dominantes, de plus en plus biomédicales, se sont pour l'essentiel effectuées à l'extérieur du système public de santé et de services sociaux. Ce que l'on appelle ici le Mouvement d'action communautaire autonome a représenté un terreau très fertile pour le déploiement de ces voix et voies alternatives en santé mentale. Cet article s'intéresse plus particulièrement à la contribution de deux catégories d'organismes du Mouvement : les Ressources alternatives en santé mentale et les Centres de femmes, dont l'insertion dans le champ de la santé mentale se situe plus en amont. Par leurs efforts convergents mais aussi par leurs apports différents, ces organismes, qu'ils se disent féministes ou alternatifs, ont significativement contribué au développement d'approches d'intervention sensibles à la complexité de la souffrance psychique dans ses diverses expressions et à l'inscription sociale et sexuée de celle-ci. Représentant des espaces d'appartenance, de parole et d'action, et, souvent, un important levier de transformation personnelle pour les personnes qui les fréquentent, les Ressources alternatives en santé mentale et les Centres de femmes partagent plus largement une culture de transformation sociale.
Alternative and feminist voices in the field of mental health in Quebec: A survey of the junction of experiences between the Alternative Resources in Mental Health and Women's Centres
In Quebec in the field of mental health, the growing impact of critical thought about and alternative practices to dominant medical paradigms - increasingly of the biomedical ilk - have for the most part taken place outside of the public health system. What we call here the Mouvement d'action communautaire autonome has proved to be a very fertile breeding ground for the airing of these alternative voices and procedures in the area of mental health. This article pays particular attention to the contributions, both convergent and complementary, of two types of organisms linked to the Mouvement: the Alternatives Resources in Mental Health and Women's Centres.
Irène Jonas
L'antiféminisme des nouveaux « traités de savoir-vivre a l'usage des femmes »
La fragilisation des liens conjugaux est un sujet dont se sont emparés psychologues et spécialistes en communication ou développement personnel. Alors qu'il est devenu courant de considérer que nulle norme ne vient aujourd'hui interférer dans la construction du couple et ses règles de vie, ces " experts " prétendent viser à l'amélioration des relations entre les sexes. Je fais ici l'hypothèse que c'est du bien-être masculin que dépend le statut social de bonne santé du couple et que derrière la volonté de pacification du couple se dessine un nouveau travail invisible, psychologique et comportemental, de la femme. Pour mener à bien ce projet, j'utiliserai la littérature de développement personnel destinée aux couples, qui, bien que souvent d'origine anglo-saxonne, n'en n'a pas moins un impact de plus en plus important en France.
Backlash in self help books for women
The weakening of marital ties has become a topic of great interest for psychologists and specialists in personal development and communication. While it is commonplace today to consider that no norm whatsoever should interfere in couple formation and the ways of life they express, these "experts" claim they can contribute to better relations between the sexes. I argue here that this literature makes the social perception of the healthy couple dependant on the man's well-being, and that a new invisible conditioning of woman, psychological and behavioral, is being articulated through and behind the aim of creating the new harmonious couple. This research is based on the analysis of books on personal development for couples that, although of Anglo-American origin, have an increasing impact in France.